L’Université de Dschang offre un modèle reproductible à l’Université Omar Bongo

Dschang,UDs/SIC-08/08/24.Vice-Recteur en charge de l’administration et de la coopération à l’UOB, il a effectué une mission officielle à l’UDs du 29 au 31 juillet 2024. Dans cet entretien, il dresse le bilan de ce séjour.

M. le Vice-Recteur de l’Université Omar Bongo en charge de l’administration et de la coopération, vous êtes à la fin de votre mission à l’Université de Dschang, pouvez-vous nous dire quels en étaient les objectifs ?

Il s’agissait de donner un contenu pratique à l’accord-cadre de coopération signé le 20 juillet 2024 à Libreville entre l’Université Omar Bongo et l’Université de Dschang. L’UOB s’inscrit dans une perspective de renouvellement de ses partenariats. Car, elle est en train de changer de paradigme et de refonder son modèle universitaire. Donc, il s’est donc agi de discuter avec les autorités de l’UDs, non seulement au niveau rectoral, mais aussi au niveau des facultés et des structures spécialisées pour voir quels sont les types de coopération qu’on peut mettre en place pour matérialiser l’accord-cadre conclu.

Vous semblez particulièrement intéressé par l’entrepreneuriat et l’employabilité. En quoi est-ce que le modèle de l’Université de Dschang peut être pertinent pour l’Université Omar Bongo ?

Nous partons d’un ensemble de constats. L’UOB est spécialisée dans les lettres, les sciences humaines, les sciences économiques, les sciences juridiques et politiques. Elle a été créée en 1970. Même si l’essentiel des cadres gabonais est issu de cette université, nous constatons qu’en termes d’employabilité, elle ne répond plus aux enjeux. C’est pour cette raison que nous avons ouvert le champ de la révision des offres de formation. Nous sommes en train d’aller vers des formations professionnelles et le bimodal. Nous nous sommes rendus compte de ce que sur ce terrain-là, nous ne sommes pas très outillés.

Nous avons su qu’à l’Université de Dschang, il y a des expériences très importantes qui se mènent. C’est ce qui découle de la communication faite le 18 juillet à l’UOB par le Recteur, Prof. Roger Tsafack Nanfosso. Elle portait sur l’employabilité et l’insertion professionnelle dans les universités d’Afrique centrale, avec l’UDs comme exemple. Nous avons vu qu’il y a des outils comme le CATI2-UDs et la Chaire Pierre Castel. L’UDs offre un modèle que nous pensons reproductible à l’UOB. Nous venons donc en apprentissage ici.

Vous avez rencontré les responsables de la Chaire Pierre Castel. Qu’est-ce qui ressort de vos échanges ?

L’UOB est confortée dans l’hypothèse émise au départ, à savoir que l’UDs a développé certaines compétences solides. Il y a un savoir-faire qu’on peut reproduire à Libreville. Nous avons discuté sur les mécanismes d’un tel partenariat.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de votre séance de travail avec le CATI2-UDs ?

Avec le CATI2-UDs, c’est le chef d’œuvre. Depuis qu’il a été mis en place, l’UDs a récolté des fruits importants, en termes de développement de l’entrepreneuriat, de création des startups et des pépinières. Cela montre que cette université est en train de changer de modèle. Celui que nous a exposé le Prof. Tsafack à Libreville et que nous avons pu vérifier ici : c’est le modèle de l’université entrepreneuriale. Nous avons vu que grâce à ses connections avec les entreprises, les ambassades et les partenaires internationaux, l’université a été capable de mettre sur le marché un certain nombre de startups qui vont booster la production de la richesse, non seulement au niveau de Dschang, mais aussi au niveau du Cameroun. Nous avons discuté de la possibilité pour ces startups de prospecter les marchés sous-régionaux. Le marché gabonais peut être intéressé par des produits qui sont lancés depuis Dschang.  

Vous étiez également à la « Fondation Université de Dschang » où vous avez discuté avec le Secrétaire exécutif. La FONDUDs inspire-t-elle l’UOB ?

C’est un exemple probant de l’innovation dans la gouvernance des universités. Il faut dire que dans notre université, l’idée d’une fondation a germé pendant longtemps. Nous n’avons jamais réussi à la matérialiser. Nous avons fait des statuts et des règlements intérieurs. Mais le démarrage effectif n’a pas pu se faire. L’expérience menée avec succès à l’UDs nous réconforte dans l’idée qu’un partenariat avec elle nous sera vraiment bénéfique.

La FONDUDs a mis en place un mécanisme que nous jugeons innovant : c’est la mobilisation des fonds privés. Nos universités ont pendant longtemps été confinées aux moyens de l’État. Avec le temps, on se rend compte que nos États ne sont plus capables d’assurer leur fonctionnement optimal. Ce qui a posé le problème de la mobilisation des financements alternatifs. Ce problème posé à nos universités trouve sa réponse dans la Fondation Université de Dschang. On voit une ouverture à la société. On voit qu’elle soutient les activités de l’université. On a vu que le fonds est alimenté par des donations privées. On a ici un modèle formidable où les citoyens prennent à bras le corps la formation des jeunes générations.

Cette fondation a levé des sommes importantes qui ont permis des réalisations concrètes. J’ai visité par exemple le bâtiment qui abrite l’école doctorale et qui est son œuvre. À l’UOB, nous avons fondé cette école au niveau des textes et désigné les responsables. Mais nous n’avons pas encore un bâtiment spécifiquement dédié à cette structure. C’est pour cela que l’expérience de l’UDs nous intéresse au plus haut point. Voir comment la fondation fonctionne a été l’un des objets de notre mission. Et nous repartons avec beaucoup de satisfaction.

Vous avez également pris part, en partie, à une session du Conseil Rectoral de l’Université de Dschang. Comment avez-vous trouvé l’ambiance dans laquelle se déroulent les travaux de cette instance de gouvernance ?

Nous devons dire merci à M. le Recteur qui a pensé que, en tant qu’invité spécial, nous devrions voir comme fonctionne cette instance. Nous avons été membre observateur. Nous avons apprécié l’ambiance dans laquelle se déroulent les débats. Nous les avons trouvés très démocratiques. Tout le monde a la liberté de prendre la parole pour émettre son point de vue sur les questions à l’ordre du jour. Nous avons vu des grandes discussions sur l’approche qualité, l’évaluation d’un certain nombre de pratiques pédagogiques, les thèses et mémoires. Ces débats ont soulevé un certain nombre de perspectives, notamment la possibilité de mener des études pour améliorer tel pan ou telle dimension. Cela nous a impressionné. Nous en tirons des leçons pour améliorer notre gouvernance à l’UOB.

Pendant la réunion à la Chaire Pierre Castel, vous avez fait mention de ce que l’UOB travaille à la mise en place d’un établissement de formation dans le champ de l’agronomie Qu’est-ce que l’UDs peut vous apporter dans la mise en œuvre ?

Nous avons décidé de sortir l’université de ce qu’elle a toujours été pour développer des formations nouvelles, notamment dans les champs de l’agronomie, des sciences et des humanités technologiques. Nous voulons aller vers l’agronomie, non pas que nous voulons concurrencer les instituts qui existent en la matière au Gabon. Nous voulons offrir des formations dans ce domaine pour permettre aux librevilloins qui souhaitent s’exercer dans ce domaine, d’acquérir les compétences pour se lancer. Nous pensons donc aux formations destinées au plus grand nombre. Nous aurons besoin du concours de la Faculté d’Agronomie et des Sciences agricoles de l’UDs. Elle a une longueur d’avance dans ce domaine.

Qu’est-ce qui va se passer dès votre retour ?

Il s’agira de faire un compte-rendu de notre mission au Recteur de l’UOB. Il va s’en suivre sans doute un conseil rectoral pour apprécier les données de mise en œuvre de ce partenariat, déterminer des feuilles de route et déclencher leur matérialisation. Les projets sur lesquels nous travaillons en ce moment et qui vont faire l’objet d’une mise en œuvre sont la création d’un centre d’employabilité et d’un incubateur. Nous comptons sur l’expertise du CATI2-UDs et la Chaire Pierre Castel pour cela. L’UOB va muter vers ce que nos collègues de l’UDs appellent : « université entrepreneuriale ».

Comment trouvez-vous la ville de Dschang ?

Je ne m’attendais pas à voir une ville aussi grande. Parce qu’au niveau territorial, elle est quand même inférieure à Bafoussam qui est la capitale de la Région. Nous avons observé que quasiment toutes les infrastructures se trouvent à Dschang : administration, banques, marchés, établissements de formation scolaire et universitaire. C’est difficile de trouver cela à l’échelle départementale ailleurs. Je le dis en comparaison avec le Gabon. Je trouve que c’est une ville assez charmante. Elle est structurée. Les gens sont très actifs./HA