A l’échelle internationale, régionale et nationale, de nombreux défis de développement et d’amélioration constante du système d’enseignement supérieur se posent depuis plus d’une vingtaine d’années aux Etats et aux Universités : la compétitivité, l’innovation, la mobilité, l’insertion professionnelle. Ce sont autant d’enjeux ou de sujets de préoccupation pour les Etablissements d’Enseignement Supérieur et de Recherche (EESR)/Institutions d’Enseignement Supérieur et de Recherche (IESR).
Dans un tel contexte, la mise en place des mécanismes d’assurance qualité est devenue un passage obligé. Comment parvenir à la performance et à l’adaptation aux changements qu’impliquent aussi bien les évolutions socioéconomiques que les avancées technologiques sans un système de gestion des attentes et de régulation des contraintes ? Les missions confiées aux Universités sont de plus en plus complexes et exigeantes. « La conformité aux exigences », qui est l’une des expressions de la qualité, engage aujourd’hui tout l’édifice de l’enseignement supérieur de par le monde avec un double impératif : le respect des normes et des standards académiques et la prise en compte des bonnes pratiques pour garantir l’excellence tant recherchée et attendue.
En 1998 à Paris, la Conférence de l’UNESCO sur l’Education avait déjà examiné la qualité dans l’enseignement supérieur sous l’angle d’une « notion multidimensionnelle ». Celle-ci inclut l’ensemble des missions de formation et de recherche, comprenant les curricula, les programmes d’enseignement et de recherche scientifique, les acteurs concernés (notamment les apprenants), les infrastructures et les plateaux techniques adaptés, les services rendus à la société ou la contribution au développement et, surtout, à la mesure de notre centre d’intérêt, « la Fixation des normes comparatives de la qualité internationalement reconnue ».
Le processus de Bologne (1999), initié à Paris, en 1998, ayant abouti à l’adoption du système Licence Masters Doctorat (LMD) dans l’Espace Européen de l’Enseignement supérieur (EEE) avait corrélativement en ligne de mire la « promotion de la coopération européenne en matière d’évaluation et de qualité » (paragraphe 15). Sur la base des textes y relatifs, le caractère polysémique de cette notion a été mis en évidence de telle sorte qu’elle infère aussi bien à la question de l’évaluation de la qualité, à celle de l’assurance de la qualité ou de sa garantie qu’à celle de son management (M.-F. Fave-Bonnet, 2007). Mesurer la qualité, la garantir ou rechercher à l’obtenir sont autant des acceptions d’une démarche que nombre d’institutions internationales n’ont eu de cesse de prôner (UNESCO, Banque Mondiale, AUF, CAMES…).
En 2009, à Paris, lors de la Conférence Mondiale sur l’Enseignement supérieur organisée par l’UNESCO, il était recommandé aux pays en voie de développement de mettre en place un mécanisme d’Assurance Qualité dans le sillage de leur système d’enseignement supérieur.
En Afrique francophone, le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) en a fait un cheval de bataille depuis près d’une vingtaine d’années avec l’adoption des résolutions et des actes allant dans ce sens (cf. Directive n°01/2022/CM/ CAMES). De la définition donnée dans ce cadre sur la structure chargée de mettre en œuvre la politique qualité au sein des IESR, il ressort : « Cellule Interne d’Assurance qualité [CIAQ] : cellule créée au sein d’une institution d’enseignement supérieur et de recherche et qui a la charge de promouvoir la démarche qualité au sein de ladite institution et, le cas échéant, dans ses diverses composantes ». Les conditions de création et de nomination des responsables, ainsi que les missions poursuivies y sont également précisées. Dans ce sens, la mise en place d’un système d’enseignement supérieur de qualité va de pair avec l’implémentation d’une CIAQ.
Le passage au LMD y est corrélatif. L’une des recommandations fortes des Assises du LMD organisées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique du Gabon les 18, 19 et 20 mars 2024 était justement l’implémentation des Cellules Internes d’Assurance Qualité (CIAQ) dans les IESR publiques et privées sur l’ensemble du territoire national. Le Recteur de l’Université Omar Bongo y a souscrit fermement en s’engageant à mettre en œuvre une CIAQ. C’est désormais chose faite !
Les textes de création de l’entité et de nomination des responsables et des membres ont été signés au mois de mai 2024 (Arrêté 269.24/UOB/R portant création et organisation de la Cellule interne d’assurance qualité à l’université Omar et Arrêté n°272.24/UOB/R portant nomination des membres de la Cellule interne d’assurance qualité à l’université Omar Bongo). Le cadre d’intervention, les domaines de compétence, les objectifs visés, ainsi que les missions prioritaires à mener ont été fixés. En faisant de l’assurance qualité l’une des priorités de sa gouvernance, le premier Responsable de l’UOB a pris en compte une exigence et une nécessité pour accompagner le processus de modernisation de l’institution dont il a la charge à un moment charnière de l’histoire nationale : la période de transition politique en cours et l’impératif de réforme et de restauration des Institutions.
La Cellule Interne d’Assurance Qualité sera la cheville ouvrière de ce processus continu de transformation de notre université en s’assurant de la qualité des programmes dans les Départements, en mettant en œuvre les mécanismes d’évaluation des formations et des centres de recherche, en faisant le suivi des pratiques intra et supra-institutionnelles ou interinstitutionnelles. Avec la ferme ambition de générer des effets indéniables sur la qualité de l’enseignement dispensé à l’Université Omar Bongo, la CIAQ, s’appuyant sur les référentiels d’auto-évaluation du CAMES, entend apporter une pierre de touche à l’édification d’une nouvelle dynamique de travail et de réussite académique impliquant l’ensemble des parties prenantes, en créant les conditions d’une réflexion commune sur les pratiques en vigueur au sein de notre institution et en faisant prendre conscience des améliorations indispensables à court, moyen et long termes. L’interaction et la régulation seront les maître-mots dans cette démarche, non pas d’ajustements passagers, mais de tendance lourde. D’où la nécessité à moyen terme des évaluations externes, vivement attendues.